Documentaire – Le lait Mensonges et vérités – Arte

Le lait, ami ou poison ? Indispensables à une alimentation équilibrée et source de nombreux nutriments pour les uns, associés au développement de maladies pour les autres, les produits laitiers suscitent aujourd’hui une vive controverse. Enquête sur le lait et ses dérivés, sujet qui déchaîne aujourd’hui les passions.
On a tous grandi avec l’idée que les produits laitiers sont bons pour la santé. Mais cette croyance est surtout le fruit d’un lobbying intense de l’industrie, alerte le journaliste Thierry Souccar dans “Le Lait, mensonges et vérités”, disponible en replay.

En 2008, Thierry Souccar jetait un pavé dans le bol du petit déjeuner avec son livre Lait, mensonges et propagande. Ce journaliste scientifique y décortiquait la stratégie de l’industrie du lait pour façonner l’image d’un produit « ami pour la vie » et peser sur les recommandations de santé ­publique. Décryptage, au moment où Arte diffuse un documentaire sur cet aliment aux vertus controversées.

Dans votre enquête de 2008, vous décriviez les pressions de l’industrie laitière sur les pouvoirs publics…

En France, dès les années 1920-1930, les industriels de l’agroalimentaire ont mis en place des organismes de propagande — c’était le terme utilisé — pour promouvoir leurs produits et influencer les messages de santé publique. Lorsque, en 1955, le gouvernement de Pierre Mendès France préconise la distribution d’un verre de lait quotidien dans les écoles, la mesure s’appuie sur une vision un peu angélique de l’équilibre alimentaire popularisée par l’industrie laitière. Mendès France est alors préoccupé par les ravages de l’alcoolisme et veut instaurer des habitudes sanitaires dès l’enfance.

Mais cette pratique doit aussi permettre d’écouler les surstocks laitiers. Or le ­ministre de l’Agriculture, Jean Raffarin, est le patron d’une des plus grosses coopératives laitières… Ensuite, dans les années 1960-1970, l’industrie œuvre pour que les produits laitiers soient considérés comme un groupe à part en matière de recommandations nutritionnelles. Son argument principal est l’apport en calcium, et elle est très active dans le financement d’études tendant à montrer que la population en manque.

“L’industrie laitière française, une des plus puissantes d’Europe, a ses entrées dans un certain nombre d’instances.”

Elle influence aussi les autorités sanitaires, qui fixent les apports nutritionnels conseillés ?

L’industrie laitière française, une des plus puissantes d’Europe, a ses entrées dans un certain nombre d’instances. Lorsque, en 2000, l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments doit fixer les apports conseillés en vitamines et en minéraux, la mission est confiée à un chercheur de l’Inra qui travaille aussi pour l’industrie laitière — sans que ce conflit d’intérêts soit alors rendu public. Le niveau des apports conseillés est très difficile à établir, faute d’études fiables reflétant les besoins de l’ensemble de la population.

Ainsi, le niveau de calcium conseillé a été fixé en France autour de 1 gramme par jour, mais à 700 milligrammes en Grande-Bretagne et à 550 milligrammes par l’OMS… Comme la science ne formule pas clairement les choses, l’industrie en profite. Il est clair que plus vous fixez des seuils élevés, plus vous pouvez expliquer qu’il est difficile de les ­atteindre sans des aliments riches en calcium comme les produits laitiers. Il ne s’agit évidemment pas de dire que le calcium n’est pas indispensable à la santé, mais de savoir à quel niveau on met le curseur…

“L’industrie finance des dizaines d’études, reprises dans des congrès scientifiques mais aussi dans les médias.”

De quelle manière l’industrie pèse-­t-elle sur l’élaboration de certaines études scientifiques ?

En amont d’une étude, il y a souvent la demande d’un service marketing. A partir des années 1960 se développe un discours, en lien avec l’industrie pharmaceutique, autour de la problématique des fractures et de l’ostéoporose, présentée comme une maladie silencieuse menaçant des millions de femmes. Pour cela, l’industrie finance des dizaines d’études, reprises dans des congrès scientifiques mais aussi dans les médias, qui montrent que la consommation quotidienne de produits laitiers permet d’augmenter la densité osseuse.

Elle fait appel à des chercheurs « bienveillants », convaincus que la démarche est fondée ou à la recherche de financement pour leur labo. Si les résultats de l’étude vont à l’encontre de l’hypothèse de départ, elle finit sous le tapis. Ce sont des pratiques similaires à celles de l’industrie du sucre ou du tabac… Il ne s’agit pas de céder à la théorie du complot, mais d’être vigilant, et d’apprendre à lire les études en regardant toujours quels en sont les sponsors. Et de comprendre que parer les aliments de vertus miraculeuses est une démarche qui doit toujours être regardée avec suspicion.

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Languages: en
Tags: lait, lobbys, industrie, crise sanitaire
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Stream type: video
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