Analyse par Me Richard Goyette sur la sortie du Barreau du Québec sur la dérive de l’État de droit

Analyse par Stéphane Blais et Me Richard Goyette de la sortie du Barreau du Québec et son inquiétude liée aux dérives de l’État de droit au Québec et au Canada
Dans le cadre de cette entrevue, Me Richard Goyette et Stéphane Blais insistent sur la nécessité de dépasser les clivages idéologiques (gauche/droite, fédéraliste/souverainiste) pour se concentrer sur l’essentiel : la protection des droits et libertés fondamentales pour tous, peu importe la profession, l’idéologie ou le statut social. La question n’est plus de savoir qui on défend (médecins, syndiqués, parents, journalistes, fondations), mais de préserver un cadre dans lequel toute personne ou tout groupe peut encore contester une loi ou une décision de l’État.
Un tournant majeur de la discussion est la prise de position rare et très significative du Barreau du Québec. Le bâtonnier parle explicitement de dérive autoritaire et critique plusieurs projets de loi récents : ceux touchant le domaine de la santé et des médecins, les syndicats, ainsi que la proposition de constitution québécoise. À cela s’ajoutent des lois ou projets fédéraux (C-11, C-18, C-26, etc.) qui, selon les intervenants, renforcent les pouvoirs de l’État en matière de surveillance, d’accès aux données et de contrôle, tout en compliquant l’accès aux recours judiciaires.
L’un des points les plus sensibles concerne la possibilité, pour le gouvernement, de se blinder contre toute contestation : certaines dispositions pourraient permettre de déclarer qu’une loi « protège la nation québécoise » ou ses caractéristiques fondamentales, ce qui aurait pour effet de réduire – voire d’interdire – des contestations devant les tribunaux. Les deux intervenants y voient un danger systémique : si l’État peut décider unilatéralement que certaines de ses lois ne peuvent plus être contestées, l’État de droit se vide de sa substance, car c’est alors le gouvernement, et non plus le juge, qui devient l’ultime arbitre.
Cette inquiétude trouve un écho dans la perception du public. Un sondage du Barreau, cité dans l’entrevue, montre une chute de la confiance envers l’État de droit : de 74 % à 59 % en quelques mois. Concrètement, cela signifie que 41 % des citoyens doutent de la réalité ou de la solidité de l’État de droit au Québec. Pour Stéphane Blais et Me Goyette, ce n’est ni du complotisme ni une “maladie mentale” : c’est le reflet d’un malaise profond, amplifié par les crises et la polarisation des cinq dernières années.
Face à ce diagnostic, les deux hommes plaident pour une mobilisation de la communauté juridique et de la société civile. Ils décrivent l’avocat comme un « soldat pacifique » chargé de défendre les droits fondamentaux. Ils invitent les juristes à s’engager davantage, notamment par le pro bono ou des honoraires réduits, pour que les citoyens ordinaires puissent encore accéder aux tribunaux, même en contexte de dérive autoritaire. Cet engagement existe déjà, soulignent-ils, mais doit être renforcé à mesure que les lois liberticides se multiplient.
Sur le plan stratégique, Stéphane expose le travail de la Fondation pour la défense des droits et libertés du peuple (FDDLP). Depuis 2020, la Fondation a intenté des recours, produit de l’information, mobilisé des citoyens et contribué au débat public sur les libertés. Aujourd’hui, elle structure son action autour d’un groupe noyau élargi, composé d’environ quatorze personnes issues de milieux variés : avocats, intellectuels, scientifiques, journalistes, acteurs politiques, etc. Ce groupe travaille de manière discrète et non idéologique afin d’élaborer une stratégie d’action concertée au Québec et au Canada, centrée sur la défense de l’État de droit, quelles que soient les étiquettes partisanes.
La sortie du Barreau est interprétée comme un point de bascule :
• Elle encourage ceux qui se battent depuis des années pour les droits et libertés en confirmant que leurs craintes étaient fondées.
• Elle avertit le gouvernement qu’il franchit une ligne dangereuse et risque de perdre l’appui d’institutions importantes de la société civile.
• Elle ouvre la porte à d’autres prises de position plus fermes de la part d’ordres professionnels, d’organismes et même de certains médias.

Enfin, la discussion se termine sur une note à la fois lucide et constructive :
• Lucide, parce que les intervenants estiment que la dérive autoritaire est réelle et que d’autres offensives législatives s’annoncent.
• Constructive, parce qu’ils affirment qu’un plan d’action existe, qu’un réseau de collaboration est en place, et que la FDDLP entend rester dans l’action – juridique, politique et pédagogique – pour défendre l’accès aux tribunaux et les droits fondamentaux de tous.
L’objectif global qui se dégage de l’entrevue est clair : unir plutôt que diviser, défendre l’État de droit pour tous, et se préparer collectivement à résister à toute tentative de rendre l’injustice légalement incontestable.

Diversion suivante
🎙️ Rodriguez réplique : “Des accusations fantômes !” — Audio intégral

🎙️ Rodriguez réplique : “Des accusations fantômes !” — Audio intégral

Rodriguez démonte des « accusations fantômes », exige une enquête interne et corrige point par point ce qu’il juge être un récit médiatique erroné. ... Read more

Diversion précédente
Programme double : Line Bolduc (relations toxiques) & Stéphane Blais (Trump & cie))

Programme double : Line Bolduc (relations toxiques) & Stéphane Blais (Trump & cie))

- Dossier Epstein ressort (Trump nerveux) - Line Bolduc & les relations toxiques - Tout le monde en parle TROP - Stéphane Blais analyse ... Read more

0 0 votes
Article Rating

Vous pourriez aimer

Loading...
Subscribe
Notify of
guest

Répondez avec Webmention (en savoir plus)

0 Comments
Oldest
Newest Most Voted
Inline Feedbacks
View all comments
0
Would love your thoughts, please comment.x
()
x